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15/11/02
Il
y a des moments comme ça ou on se demande a quoi bon. Des moments
ou l’existence appuie de toute sa masse sur nos épaules fatiguées.
Quand la déprime s’installe, il n’y a plus assez de
place dans notre tête pour la mémoire des moments heureux,
et on n’imagine alors plus qu’un paysage de brume ait pu être
ensoleillé. La vie est ainsi qui nous installe des le début
sur une montagne russe d’émotions, et on se demande parfois
s’il ne vaudrait pas mieux être un arbre.
On sait bien cependant que la lumière n’existe que par rapport
à l’ombre, et le bonheur ne prend son intensité qu’en
relief des moments durs. Peut on choisir une absence de douleur si celle-ci
s’accompagne d’une absence de plaisir ? On peut bien sur concevoir
une existence durant laquelle tout serait beau, mais encore une fois,
comment saurions nous que ça l’est si ce n’est en comparaison
du malheur ? Pensez a la conscience aigue que nous avons de la santé
lorsque notre ventre est douloureux, ou nos dents, on notre gorge, voyez
comment on se promet de savourer chaque instant dénué de
souffrance lancinante lorsque la maladie nous accable, et observez enfin
une fois rétabli la vitesse a laquelle on oublie la douceur d’un
simple état normal…
Cependant,
la raison ne peut rien à notre état, car le bonheur ne se
contrôle pas. On ne choisit pas d’être heureux ou triste,
même si les événements peuvent agir ponctuellement
sur nos sentiments. Nous sommes à la merci des substances endogènes
que produit notre cerveau, et il suffit de voir l’état d’un
sujet désespéré lorsque la drogue agit soudain sur
les récepteurs de sa peine pour comprendre à quel point
la vie et ses fluctuations n’influencent que partiellement notre
taux de joie. Une personne dont on croirait qu’elle a tout pour
être heureuse pourra très bien finir une balle dans la tête,
les exemples ne manquent pas. A l’inverse, un enfant de New Delhi
dont l’immondice est le terrain de jeu pourra passer sa journée
à sourire. Nous sommes prédéterminés au bonheur
comme nous sommes programmés pour dépasser le mettre 50
ou non. Ainsi, les événements ne sont pas tristes ou heureux
en eux-mêmes, tout dépend de la sécrétion d’endorphines,
de dopamine ou encore de sérotonine qui les accompagne. Si on pouvait
appuyer sur le bouton plaisir d’un individu a chaque fois qu’il
perd quelqu’un de cher, il considérerait vite ça comme
un moment fabuleux.
Cette
aptitude au bonheur déjà tracée peut sembler angoissante,
mais on peut retourner le problème dans l’autre sens : Quoiqu’il
puisse arriver, on sait déjà qu’on reviendra tôt
ou tard à un état optimal inscrit en nous. Et si la mélancolie
frappe a l’improviste comme elle sait si bien le faire, au lieu
d’essayer de lui donner un sens et par la même l’approfondir
encore d’avantage, on peut a l’exemple d’Alain la prendre
pour ce qu’elle est : une maladie physique, un mal de ventre qui
finira par passer…
Pensées
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