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Mise a jour: 28/10/02 Dernieres entrées: Elephant man... |
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Dans la peau de John Malkovich
Spike Jonze / 1999
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Une
fable mutante. Un conte surréaliste. Un film improbable. "Dans la
peau de John malkovich" est tout cela a la fois. Comment peut
on en effet imaginer une seule seconde l'histoire d'un marionnettiste
travaillant au 7eme étage et demi d'un immeuble qui trouve derriere
un classeur de son bureau une porte minuscule débouchant directement
dans
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dans le crane de John Malkovich? Rien qu'en le disant, je me demande encore si je n'ai pas révé ce film... Mais
attention, le propos ici n'est justement pas onirique. Il se veut le plus
réaliste possible, car c'est bien dans un contexte vraisemblable que l'étrange
brille le plus, Kafka et Borges ne me contrediront pas sur ce point. De
toute façon ils sont morts. Ainsi, dans le pays des merveilles ou chez
le magicien d'Oz, rien ne semblerait plus naturel que de trouver une porte
aux dimensions d'un castor derriere un meuble de bureau. Mais dans le
film de Spike Jonze, on est plongé des le depart dans un quotidien gris
fimé a l'epaule. Sans la scene d'introduction dont la poésie préfigure
les moments sublimes que le film recele, on pourrait presque croire a
un documentaire sur les tribulations sociales d'un jeune couple new yorkais.
Certes la femme lange des chimpanzés pendant que le mari taille des pantins,
mais on y croit immediatement. Les choses commencent a prendre une tournure
singuliere quand Craig Schwartz, le mari donc, décide de trouver un emploi
plus rentable et moins dangereux que marionnetiste, son dernier spectacle
au coin d'une rue lui ayant valu quelques dents en moins. Il trouve donc
un poste en tant que classeur de documents, mais pas n'importe ou: au
7eme étage et demi d'un immeuble de bureaux! Le traitement de l'image
et la mise en scene font si vrais jusque la que l'effet ne rate pas: on
est sidéré. Mais on finit par accepter de voir tout le monde marcher en
baissant la tete tout en se disant bonjour...
Mais la ou les choses basculent réelement, c'est quand Craig découvre
la fameuse porte miniature. Ici, le spectateur comprend tres vite que
ses reperes sont perdus, qu'il est inutile d'essayer de classer ce film
ou d'en deviner la suite. Car cette scene reste l'une des plus incroyables
qui soient: Derriere la porte, il y a un long couloir humide, un terrier.
On se laisse alors prendre la main par Spike Jonze, et on entre dans le
tunnel en meme temps que le heros. Aussitot, la porte se referme derriere
nous, un vent mysterieux se met a souffler, et nous voila en train de
glisser vers une intense lumiere qui semble nous attirer irresistiblement
jusqu'a ce que... Ce qu'il faut préciser avant d'aller plus loin, c'est que le génial Charlie Kaufman qui a signé le scenario ne s'est pas simplement contenté d'imaginer une histoire incroyable. Il a tout particulierement soigné les rapports entre les personnages, et les personnages eux memes. Ainsi, à l'argument impossible se greffe une hallucinante série de démélés sentimentaux entre le couple Schwartz, Maxine, et Malkovich himself: Lottie Schwartz qui est interpretée par une Cameron Diaz méconaissable prend conscience de sa transexualité en empruntant le tunnel. Elle s'éprend alors de Maxine lors d'une scene hilarante, mais son mari étant également amoureux de la meme Maxine, une rivalité s'installe au sein du couple afin de conquerir la belle. Maxine finit par céder aux avances de Lottie, mais uniquement quand celle ci se trouve a l'interieur de Malkovich! Le tout pourrait sembler extremement confus, mais ça ne l'est pas. Des que les regles du jeu sont établies, des que l'on a admis l'existence du passage et son mécanisme, on accepte les situations invraisemblables qu'il engendre comme on accepte que des gens puissent manger des huitres. Pour le comparer a un autre film extraordinaire, on pourrait mettre "Dans la peau..." en parallele avec "Un jour sans fin". Dans les deux cas, l'impossible idée centrale est merveilleusement exploitée sans qu' on ait jamais l'impression de se retrouver face a un scenario gadget qui porterait tout le poids du film sur sa seule originalité. Ainsi, l'idée de commercialiser le passage vers Malkovich entraine des situations géniales ou l'on voit des files entieres de candidats dont l'enthousiasme a l'idée de changer de peau trahit le mal-etre. On assiste également à la scene d'amour la plus démente qui soit lorsque Schwartz qui est a l'interieur de Malkovich s'efforce de le controler tandis que celui ci s'entend prononcer des mots qui ne lui appartiennent pas. Et puis bien sur, on apprend aussi ce qui se passe lorsque un homme emprunte le passage qui mene a l'interieur de son propre crane. Cette scene phénomenale dont je ne dévoilerais rien pourrait d'ailleurs etre interpretée comme une certaine allégorie de l'égocentrisme, ou plus largement de la nature humaine. Il faut quand meme s'attarder sur la prestation exceptionelle de John Malkovich qui trouve ici son meilleur role en s'incarnant lui meme. J'ai bien dit son meilleur role. Oubliez le Valmont des "liaisons dangereuses" ou le Lenny d' "of mice and men", Malkovich n'est jamais aussi grand que lorsqu'il est Malkovich. Et je ne parle pas que de l'époustouflante chorégraphie qu'il nous éxécute alors meme qu'il est investi par Schwartz. Sans vouloir en dire trop sur la fin pour ceux qui n'auraient pas eu le bonheur de voir le film, je voudrais juste mentionner toute la compassion qu'on ressent pour l'acteur lorsqu'il reprend furtivement le controle de lui meme apres une longue période d'"habitation", car ce film est tragique, bien plus qu'on ne l'imagine pour une histoire aussi démentielle. Si on ajoute à ce qui precede les souvenirs d'un chimpanzé en vue subjective, Charlie Sheen vieux, l'exploration litterale d'un subconscient et une confrérie secrete, on obtient le conte de fées mutant le plus fantastique de ces dix dernieres années, ainsi qu'une merveille de poésie et d'imagination. Merci Mr Spike Jonze. |
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