tourmentés. A peine les incantations nocturnes achevées, nous voici projetés à la proue d'un Drakkhar conquérant sur des mers en furie, défiant les vagues géantes au son des tambours. Le ciel est à présent d'un noir velouté, déchiré çà et là par des cicatrices de lumiere. Et commence la piste 2...

Anthems to the welkin at dusk est un disque épique, triomphant, demesuré, apocalyptique, qui s'octroie par instants des envolées lumineuses, comme des ellipses de grace au coeur du chaos. Deux noms se distinguent dans ce maelström: Ihsahn, la tete pensante du groupe, qui allie les hurlements decharnés à des voix majestueuses et Trym, le batteur au nom de Troll mythologique, qui mitraille sa grosse caisse comme un possédé. De la piste 2 a la piste 7, ils nous délivrent un black métal surpuissant qui laisse deviner sous sa masse des mélodies calcinées, comme un torrent de lave restitue la forme des objets qu'il recouvre. Au fil de la traversée, des images de batailles et de tempetes nous assaillent, jusqu'à nous propulser parfois au coeur d'un horde enragée en pleine charge. Puis progressivement, les nuances et les choeurs se font plus présents, ainsi que les nappes de clavier qui délivrent de somptueuses couleurs dans les ténèbres. The wanderer, le 8 ème morceau, achève l'album comme il a commencé: dans une energie contenue, apaisée, un calme après la tempête qui en augure de nouvelles. Ce titre, très "visuel", m'évoque un chemin de traverse qui se perd dans l'horizon. Au loin, entre les arbres fouettés par le vent, une silhouette se détache, dessinée par une cape noire et une capuche. Au rythme des accords, le vagabond s'approche de nous, doucement, jusqu'a nous croiser enfin. Et nous distinguons l'espace d'un éclair les yeux d'un démon.

Si vous n'aimez pas les tempetes, ni les forêts scandinaves, ni encore moins les ellipses de grace ou la lave en fusion, n'écoutez pas Anthems to the welkin at dusk. Mais laissez lui au moins sa chance un soir d'orage...