différement à travers vos yeux? Dans mon cas, ce trésor caché s'appelle Painting on glass, et je le dois aux norvégiens de 3rd and the Mortal...

Painting on glass est un voyage etheré, un reve multiple. Si la musique donne une forme à l'air, c'est ici une planete entiere qu'elle tisse, et jamais un disque ne m'aura fait voir autant d'images. 3rd and the Mortal reste encore aujourd'hui un groupe tres méconnu, et leurs oeuvres suivantes les ont conduit vers des chemins bien différents, mais peu importe. Lorsqu'on a engendré quelque chose comme Painting on glass, on peut estimer que la mission est accomplie.

L'intro tres justement nommée Magma m'évoque une naissance vue de l'interieur. J'y entend du rouge. Puis le second titre commence, et avec lui un fascinant théatre cosmique: Au coeur d'une cité devastée qu'on survole comme un oiseau, des cuivres dissonants résonnent. Puis au détour d'un immeuble en ruines on découvre un orchestre étrange qui oppose ses notes desespérées a l'apocalypse. Le décor change soudain, et les guitares dessinent des champs magnétiques dans lesquels se prennent des voiliers intersidéraux. La voix merveilleuse d'Ann-Maire Edvardsen donne une ampleur divine au spectacle et l'atmosphere ainsi créee se dissipe doucement pour que s'ouvre l'envoutant Crystal orchids. On se retrouve alors dans un moyen age imaginaire dans lequel je vois des gens malades écouter une femme hydre dont la silouhette danse en ombre chinoise derriere une tenture. la voix errodée semble venir de l'au dela et le son granuleux accentue encore cette impression.

Persistant and fleeting nous transporte vers des paysages tres différents, et tout particulierement grace à l'étonnante performance vocale d'Ann-Marie Edvardsen, dont les vocalises tracent d'incroyables arabesques. Alors que les guitares semblent s'affirmer d'avantage, c'est vers une interlude méditative qu'elles nous emmenent lorsque démmare White waters. J'y vois une mer calme au crépuscule dans laquelle on finit par plonger. Puis Aurora borealis s'enchaine, qui apparait comme une transition, ou plutot un palier, car c'est toujours dans l'eau que nous sommes. Et nous approchons doucement des abysses. Quand Dreamscapes démarre, une tempete a éclaté à la surface, mais nous sommes dans un dome de verre au fond de l'océan, et la quiétude nous irradie. Les sirènes qui nous ont recueilli peignent des symboles sur les parois de verre. Le morceau s'acheve sur un orgue sombre dont l'épaisseur dissimule la derniere partie du voyage...

Aurora australis répond logiquement à Aurora borealis, mais la transition s'opere vers le haut cette fois ci. Et quand les premieres nappes d'Axure se posent, on se retrouve presque en apesanteur. Veiled exposure installe un climat mélancolique et intimiste qui s'ouvre sur Stairs, et commence alors l'ascension d'une tour sans fin. Puis c'est un surprenant Didjeridoo qui nous accompagne sur Eat the distance, et qui nous conduit vers Vavonia part 2 ou une introduction tourmentée s'ouvre sur des visions automnales de fins d'apres midi. La voix d'Anne marie nous enveloppe...
Enfin, c'est le sublime Horizons dont la guitare seche dessine une trame infiniment délicate qui marque la fin du voyage, mais la voix etherée qui se perd en échos semble deja nous amener à l'aurée d'un autre.

Quand on ouvre les yeux a la fin de Painting on glass, on a vraiment l'impression que notre corps est resté la, mais que notre esprit est parti vers des contrées imaginaires d'ou il a ramené des trésors. Et c'est alors tout le réel qui est contaminé par la magie de cette oeuvre unique. Le groupe ayant beaucoup changé depuis, cet album restera vraisemblablement sans suite, c'est donc une raison supplémentaire pour le découvrir avant qu'il ne disparaisse completement...