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Mise a jour: 16/10/02 Dernieres entrées: Mr Bungle, 3rd and the mortal... |
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Mr Bungle
Disco
volante / 1995
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C'est
un lieu commun de dire que les oeuvres qu'on cherit nous construisent,
et qu'elles finissent par faire partie de nous. Mais dans mon cas,
c'est profondément vrai. Si je suis ce que je suis aujourd'hui,
c'est en grande partie grace a Mr Bungle et
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leur Disco volante. Ce disque, on pourrait en parler comme d'une synthese de musique terrestre a l'attention d'eventuels visiteurs inter-sidéraux, car tous les genres y sont fusionnées dans une sorte d'alchimie improbable. Mais avant d'explorer cette oeuvre essentielle au genre humain, je voudrais d'abord présenter les psychopathes qui en sont responsables: Il y a Danny heifetz, l'éminent batteur pour qui salsa peut rimer avec black metal, Trevor Dunn, le bassiste mutant qui semble avoir une quinzaine d'années sous sa casquette, Bär Mc kinnon, un multi instrumentiste pour qui le saxophone n'a pas plus de secrets que le carillon bantou, Trey Spruance, le fabuleux guitariste producteur entre autres du groupe Estradasphere qui serait comme la rencontre entre Slipknot et la compagnie créole, et surtout, SURTOUT, le plus grand vocaliste a l'ouest de la galaxie, l'homme-caméléon, celui qui habrite dans sa gorge une faille dimensionelle entre les mondes, j'ai nommé le grand, le seul, l'unique Mike Patton! Plus connu pour avoir été le leader de Faith no more et pour enchainer les projets les plus divers a un rythme frénétique, Mike est avant tout le chanteur de Mr Bungle. D'abord parce que c'est son premier groupe, ensuite parce qu'il peut y exprimer tout son art sans réprimer aucune de ses inspirations, Mr Bungle etant un vaste laboratoire. Le plus grand disque de tous les temps commence des sa pochette: on y voit la mysterieuse photographie d'un oeil de femme cerclé par un monstrueux petit poisson des abysses. La troublante étrangeté de cette image ouvre le bal de la meilleure des manieres... Cependant, aussi passioné que je puisse etre, je dois emettre mon unique reserve des la premiere piste. "Every one i went to high school with is dead" n'a rien a faire sur Disco volante. Il est le seul obstacle qui sépare l'album de la perfection. On pourra m'objecter que sur un disque ou il n'y a pas de limites, n'importe quel morceau a sa place, mais non. Celui ci est tres largement en dessous. On peut faire n'importe quoi, mais pas n'importe comment. C'est pourquoi si un jour j'avais le pouvoir de refaire le monde, ma priorité serait de faire commencer Disco volante des sa deuxieme piste, avec l'Elphmanesque "Chemical marriage". On y entend une sarabande possédée dont le chef d'orchestre pourrait etre Beetlejuice. Au rythme de cet orgue spectral, j'imagine volontiers danser des squelettes. Le morceau se termine par une succesion de bruits étranges, comme si la fete était finie, et que les poltergeists laissaient leur signature avant de quitter les lieux. Alors démarre un morceau dont la valeur est toute particuliere pour moi, puisque c'est en l'écoutant que j'ai découvert Mr Bungle il y a de cela 5 ans. Le choc fut intense, car je n'imaginais pas que cela puisse exister: "Carry stress in the jaw" s'ouvre sur un solo de saxophone alambiqué puis enchaine avec un étrange jazz haletant. La merveilleuse voix de Mike patton se pose alors en nappes puis le mélange se calme, on se retrouve au fond d'un grotte, et soudain la voix se corrode, le saxophone devient fou, tout s'accelere jusqu'a ce qu'une guitare éléctrique apparaisse et que le tout se transforme en métal hybride et saccadé; Patton entaille le tableau a grands cris de lynx égorgé, puis progressivement, la vague mute, jusqu'a s'arreter pour devenir la déclamation chaotique de quelques vers de Poe ou chaque mot est ponctué de la note de basse correspondant a la voix. Et soudain, les chose se précipitent, la tension monte, et Patton finit par exploser dans ce qui reste tres probablement le plus long cri saturé de toute l'histoire. Le Jazz-métal shyzophrene reprend sa course mais agrementé d'instruments bizarres cette fois ci, puis nous revenons au douceurs étherés du début avant de repartir finalement dans un feu d'artifice inclassable. On n'a pas le temps de reprendre son souffle qu'un Patton a la voix de vieillard nous chuchotte a l'oreille qu'il a un secret pour nous. Et commence alors le 3eme morceau qui était caché sur la version vynile de l'album, et qui s'appelle "the spy song". On est deja completement désorienté par rapport au morceau précédent, mais c'est le principe de Disco volante: chaque morceau est un univers. Ici, on a affaire a une sorte de rumba impossible ou les beach boys croisent par instant Jame Bond, et ou Patton fait alterner choeurs féminins et chants éraillés. Le tabla qui conclut le morceau surgit de nulle part, mais il annonce un des morceaux les plus étonnants de l'album, le mystique "desert search for techno allah". L'introduction nous transporte dans quelque contrée orientale comme sur un tapis volant, puis laisse place a un beat aux accent technoides qui débouche sur une incantation Patonniene soutenue par des sons éléctroniques. Le voyage continue tranquillement jusqu'a laisser le relais a un authentique pont techno de quelques secondes qui mene tout droit vers une envolée occulte ou on entend l'appel du Muezzin en haut de sa tour. Les percussions retentissent alors doucement pendant que le reste s'évanouit... Puis surgit une synthese accelerée de tout ce qui precede, et qui s'enchaine avec un passage donnant l'impression que des extraterrestres se sont posés dans le desert (C'est pourquoi Metal slug me fait beaucoup penser a disco volante mais c'est une autre histoire). Jusqu'au au tres beau final et ses couleurs arabisantes génétiquement modifiées, c'est un enchainement de sonorités imprévues qui se melent aux ingredients principaux de la mixture. A l'instar de tous les autres sauf du premier, le morceau qui suit est mon préféré. Il a pour nom "Violenza domestica", et on pourrait quasiment le qualifier d'operette surrealiste. La chose s'ouvre sur des bruits de couteaux qu'on aiguise, puis se pose une petite mélodie sombre agrementée de divers bruits inquietants. Patton parle en italien, il est en colere. La musique semble épouser son humeur. Puis le theme de la chanson s'installe, composé d'instruments traditionnels dont les sonorités dessinent immediatement la scene. Les gemissements de Patton se perdent en écho, et la musique devient tres visuelle, on nous raconte une histoire. Puis l'atmosphere prend une tournure macabre,largement accentuée par les mots étranges que sussure Mike. Voila ce que me suggere le tango démoniaque qui clot le morceau: Un homme est la, qui danse avec le cadavre de sa femme a qui il vient d'arracher la langue et les yeux. Fermeture du rideau.
Sur "after school special", cette aura malsaine se précise. Pourtant,
l'orgue, la basse et le chant tres doux n'augurent rien de ce genre, mais
en s'attardant sur les paroles, on comprend qu'il s'agit de la chanson
d'un petit garçon monstrueux qui aime sa mere parce qu'elle lui ment:
elle lui dit qu'il est mignon. La sequence finale me donne systematiquement
des frissons... Ensuite vient la partie la plus étrange, la plus experimentale et la plus fascinante du disque. C'est aussi ma piste préfére mais la je ne suis plus crédible. Je veux bien sur parler de "the bends", et non, il n'y a vraiment aucun rapport avec l'album de Radiohead. "The bends", c'est une succession de pieces sonores hallucinantes qui forment un monstrueux agglomerat de 10 minutes et dont la force suggestive me laisse entrevoir tour a tour deux cannibales embarqués sur une riviere souterraine, un pantin difforme ébaucher une choregraphie bancale, un cimetiere aquatique, un poumon d'acier, un défilé de clones en masques a gaz, une invasion extraterrestre, et la désintegration progressive d'un fantome. On y trouve aussi un morceau de guitare seche aussi ephemere que sublime. Et la fin la plus effrayante que j'ai jamais entendue. C'est tres secoué que l'on entame "backstrokin", dont le début est une mélodie de piano jouée en marche arriere. Le theme principal évoque les vieux films de gangsters. Les quelques notes martiennes de la fin me procurent une émotion indescriptible, et je n'ai jamais compris pourquoi. L'excellent "Platypus" est un morceau a l'image de la creature qu'il décrit, l'ornythorinque. C'est aussi le symbole parfait de cet album, une abberation de la nature qui réunit les éléments les plus disparates pour former un tout cohérent. Enfin, "Merry go bye bye" est peut etre le morceau le plus accessible de disco volante. Du moins jusqu'au milieu de la deuxieme minute, parce qu'apres ce qui pourrait etre une sorte de Ska chanté par Elvis, c'est un inconcevable death metal experimental qui assaille l'auditeur sidéré. Mais les choses reprennent doucement leur cours vers la fin, quant Elvis Patton revient maitriser la situation et acheve l'album comme dans un nuage. Si on laisse tourner le disque encore quelques minutes, on peut entendre le groupe s'amuser dans le studio, a souffler dans les trompettes et a gueuler dans les micros. Les innocents. Ils ne se rendent pas compte qu'ils ont accouché d'un monument. Parce qu'il explore tous les genres et les réinvente, parce qu'il explose toutes les barrieres et les redefinit, parce qu'il transcende ses influences et les détourne, et enfin parce qu'il se metamorphose a chaque minute, Disco volante est un disque univers qui en a digéré d'autres pour en former un seul. C'est une oeuvre unique et inclassable que chacun se doit d'écouter au moins une fois pour savoir qu'on peut faire ça, que ça existe. Si vous croyez avoir tout écouté, si plus rien ne vous surprend et si vous pensez connaitre la musique, vous savez ce qu'il vous reste a faire. |
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